Chez elle…
Ecrit par Yamina Mansour



Elle a un brin d’herbe sec, aplati, entre les pages d’un érable, planté, au sud de l’espoir, au carrefour des providences…
Elle a un enchevêtrement harmonieux qui tresse ses états d’âme, peu conflictuels…
Elle a une chanson qui fait voyage, dans des vagues de blé que fredonne des sirènes…
Elle a un tableau, moitié blanc, moitié noir, accroché au milieu du jour, au milieu d’une plaine de chrysanthèmes…
Elle a un fauteuil, qui dort assis sur des anathèmes, un vieux fauteuil qui draine des rêves, en cascades dolentes…
Elle a un maigre chat noir, au regard blafard qui tient une très haute échelle qui monte, vers l’infinie élévation…
Elle a une fougue de jeunesse qu’elle raconte, à tous les vieux dans toutes les langues élaborées du silence, le soir de leur départ…
Elle a un fardeau de jasmins qu’elle distribue, à tous les enfants, de tous les mondes…
Elle a une aurore boréale, éternelle qui transite, de l’aube, vers les crépuscules incandescents qui célèbrent, les jours éternels. …
Elle a pour elle tout et rien, le temps dont les autres n’en veulent plus, un temps qui lui tient, arrêtées toutes les aiguilles des horloges…
Elle a des bougies soufflées, sur des anniversaires, jamais fêtés mais chaque année qui passe, s’efface avec son calendrier.
Elle a un tas de mémoire olfactive qui aspire, jusqu’au grain de pollen, tous les parfums du thym sauvage et de la lavande …
Elle a un tas de bois ; amassé dont elle sculpte des mouettes, des goélands, des paradisiers et des albatros, qui s’envolent pour de vrai !…
Elle a ce rire timide qui chatouille les ineffables joies que caressent les dentelles des marguerites…
Elle a des pages blanches qui optent pour le noir, ce noir si majestueux et si phénoménal et que toutes les autres couleurs chatoyantes ne peuvent égaler…le noir sur blanc comme une nuit argentée, de nébuleuses astrales…
Elle a des milliers de contes, à dessiner sur des enfances brèves qui s’accrochent, encore à des oreillers froids mais qui, quand même dorment, d’un plein sommeil…

Elle a un bastion tranquille où elle détient la quintessence des éléments et les trésors des jardins d’ « Eden »…
Elle a le tout et rien, en équation égale à tout…
Elle a des armées de paix que les guerres ne peuvent ébranler et ses révoltes ne sont, au fond que des fous rires…
Elle a des arbres nus dont la beauté habille, les fulgurants retours des Décembres et des Janviers…
Elle a des coins et des recoins où elle dissimule de petits coffrets de rosée, en bijoux éphémères pour lutter contre, l’effacement, l’enlisement et l’indifférence…
Elle a les mille et un serments qui sermonnent les espérances infidèles et naïves qui rappellent, la banalisation des intolérances…
Elle a des terres jachères et fumantes où elle déverse des océans de gazon vert, quémandant, à chaque automne les généreuses averses, en fine bruine…
Elle a des miroirs de finesse qui ont l’art de refléter les « uns » et les « autres », dans un art qu’elle nommerait : « l’altruisme »…
Elle a des « joies de vivre » qui illuminent, tous ses romans de « Zola »…
Elle a pour elle seule, deux canaris légendaires, en or massif que nul ne possède car ils sont fait d’infinies particules de tendresse qui lui rappellent son moule, versée dans le leur…Deux canaris qui logent son cœur immense, placé à droite et qui, après sa mort lui offriront des poèmes gratifiants et graveront sur son épitaphe de bois de cèdre : « Ici repose le secret de notre éclat et la pureté de notre métal… »
Elle a des amitiés qui se sont perdues de vue, certaines vivent, sous terre et d’autres vivantes, mortes sur terre et celles qui ne se verront, jamais naître…

Elle n’a point de regrets, ni de rancunes qui peuvent lui signifier que les êtres parfaits existent car la perfection est un péché contre nature, légitimant nos imperfections et nos perversions, nos faiblesses et nos fragilités, nos amertumes et nos arrogances, nos absurdités et nos laideurs, nos injustices et nos mépris, nos insatiables cupidités et nos ignorances, nos incertitudes et nos conflits, la petitesse de notre égoïsme sournois et perfide, en une revendication primaire et éternelle… sans prouesse ni déclin car nous ne sommes, en réalité, que cet amas hideux et cet amoncellement putride dont nous ne saurions nous passer comme nous ne saurions nous passer, du pain!!!…mais, en dépit de tout, il existe certaines contre - natures parallèles, façonnées pour subsister à tous, ceux-là!!!…

Chez elle, le bonheur pourrait être une simple notion tragique, accessible même dans la mort !!!…


Mansour Yamina
CEM de Bouafia
Hassi Bah Bah
Le 14/ 02/ 2013


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