Un professeur, en court métrage…




Ecrit par : MANSOUR YAMINA
DEDICACE

A tous mes élèves, mes collègues de travail, mes anciens camarades de classes, depuis le primaire jusqu’à L’ITE 85 / 87
A tous les professeurs et à tous les inspecteurs …
A mon noble et beau métier d’enseignante que j’adore toujours…
Aux lecteurs :

Derrière les ennuis et les vastes chagrins
Qui chargent de leurs poids l’existence brumeuse,
Heureux, celui qui peut d’une aile vigoureuse
S’élancer vers les champs lumineux et sereins ;

Celui dont les pensées, comme des alouettes,
Vers les cieux le matin, prennent un libre essor,
Qui plane sur la vie et comprend sans effort,
Le langage des fleurs et des choses muettes !
C BAUDELAIRE

MANSOUR YAMINA
CEM DE BOUAFIA HASSI BAH BAH DJELFA






« Quel métier ! » Mesure ou démesure ?
Voici un professeur qui vous dit : « Moi, je fais ce que je peux et je m’en fiche ! »
Voici un autre qui vous dit : « Moi, je fais ce que je veux et je m’en fiche
Un autre vous dira : « pas moyen ! Mais qu’est –ce -qu’ils à la place du cerveau, ces imbéciles ? »
Un autre de vous dire : « Je me dois de faire ce qu’on me dit et puis c’est tout ! »
Un autre dit : « Moi, je ne me casserai pas la tête alors je ne fais rien! »
Qui fait plus…qui fait moins…qui fait tout…qui fait rien…qui fait mal…qui fait bien… le résultat est le même qui réussit, à tous les niveaux…
Chose faite, ils sont tous d’accord pour le verbe « faire », du moins…on appelle ça en pédagogie « le savoir faire »
Dilemme quotidien du pauvre professeur qui n’en finit pas.
Visite inopinée de l’inspecteur !
« C’est aujourd’hui qu’il se rappelle que j’existe, celui- la, après que mes cheveux ont blanchi sur ma tête comme un corbeau pré lavé, à l’eau de javel …
En plus, personne ne m’avise…la conspiration ! »
Je n’ai aucune fiche, même le livre de lecture je l’ai oublié ! J’ai passé une nuit blanche à cause du petit qui n’a pas cessé, de crier parce qu’il avait des gaz… moi, avec ma dépression chronique…
Me comprendra t-il, au moins ? Non ! Sans blague !
Leçon de lecture. Texte page 3O. Je me fais prêter un livre à un élève…Il s’agit d’une fable de La Fontaine, juste faite pour moi, taillé à ma mesure…La Fontaine se veut désaltérant…se veut communicatif et sage…il se veut même zoo transmisif et « on live »…
J’use de toutes les approches possibles mais rien n’y fait…La Fontaine semble être capable de faire parler ses animaux mais pas les miens…je veux dire, mes élèves qui deviennent, tout à coup muets… même le groupuscule qui me donne l’impression de ne pas être un extra terrien qui parle chinois, persiste à opter pour un religieux mutisme dont il révèle les meilleurs des stéréotypes…peut être la présence de l’inspecteur les perturbent- t- elle un peu ?…beaucoup ?…
Il ne sourie pas…ce monsieur qui se force de se donner l’air grave et cynique malgré lui…
Constat : Rien de nouveau, ils ont toujours étaient comme ça !
Dans le bureau du directeur : Cours bâclé…me crie t- il, à voix haute…Vous n’avez pas réussi à faire parler un seul élève…
Ils feront mieux la prochaine fois, je rétorque… si on leur donne une seconde chance…je me demande qui de nous trois, a le plus besoin d’une seconde chance.
Oh lala ! Ces inspecteurs ! Ils auront toujours de solides arguments pour vous mettre ; le morale à plat et vous réduire, au stade d’homo sapiens, d’avant la découverte du feu… pourtant personne ne fait rien de ce qu’ils disent ! J’aimerai bien les voir à l’œuvre pour voir comment ils s’y prendront avec mes cinquante « Sious » qui sont passés du primaire au collège, à la queueleuleu. Apparemment, leurs QUI à tous dépassent les 100 à l’heure !
Une question s’impose d’elle - même : Comment gérer ce flux, sans mode d’emploi, ce ras de marrée, ce tsunami qui vous démange les méninges?
Dites, monsieur l’inspecteur…
Insidieusement, les inspecteurs quand ils vous mettent entre les yeux, ils ne veulent jamais, plus rien comprendre et quand, ils décident de vous voir, c’est uniquement pour vous faire peur comme le fait ma femme, avec moi, à chaque fin de mois ou pour vous faire taire comme je le fais, souvent avec ma mère pour plaire à ma femme ou, pour vous forcer à faire ce que vous ne voulez pas faire comme je le fais, avec mes élèves…
Quand il s’agit d’entreprise humaine, je dis que c’en est une ; l’école… il faut bien se munir de patience pour faire valoir des résultats, patienter à attendre même un siècle… dans cent ans ; qui sait ce qu’on aura produit ?
On aurait dit qu’ils souffrent du syndrome du déficit affectif dont souffrent les jeunes soldats américains, en Iraque, ces inspecteurs…Il semble que tout le monde a besoin d’une prise en charge…affective… : ceci se traduit en « un savoir mal être…»
Je me demande d’où ils puisent leurs théories pédagogiques nouvelles.
A chaque fois, chacun d’eux, vous dit le contraire de ce qu’il avait déjà dit, ou se contredit avec son prédécesseur dont il annule carrément tout ce qu’il avait dit, ou on vous dit des choses, que même ceux qui les ont dites leur arrive d’oublier de les avoir dites, ou bien on n’arrive plus à vous convaincre parce que ce qu’on dit, ne vous dit rien….
Dire que moi, je me contente de ce que je me dis, en honnête citoyen, respectueux de la communauté car comme je peux le supposer, je suis un vrai autodidacte mais aussi un accro des séminaires car il faut bien suivre pour être dans « le savoir tas », alors je suis…et je ne suis pas…
Je suis certain de vous dire que chaque année, il en sort des démarches au nombre d’albums de chansons « Egyptiennes » qui vous font oublier ceux de « James Blunt », de « Fifty cent » et de « Brel » en play back …
Quand même ; même une marmite d’haricot secs « loubia » a besoin de temps pour mijoter et pour être à point, à petit feu de préférence…le projet d’entreprise humaine demande du temps comme pour les haricots…je ne cherche pas les « mouchkilations » moi …
Pour être honnête…la langue française vivra aussi longtemps, qu’il y aura des génies pour l’enrichir et lui faire des empreints…mes élèves vous le diront ; preuve à l’appui…
Mais monsieur l’inspecteur ; mon fils avait des gaz ! Tâchez de me comprendre... soyez un peu humain, au moins…comme moi, vous avez aussi des enfants, hein ! Vous aurez dû avoir bâclé quelque chose, un jour dans votre vie ?non ?
Oui je n’avais pas mes fiches et je m’en contre fiche …pardon, c’est juste que je suis contrarié…si vous essayez de positiver, un tout petit peu…le hasard ne me fait jamais bien les choses…malencontreusement, il fallait que vous tombiez spécialement, aujourd’hui ? La déréliction…
Dites… Je sais que je dois m’occuper de chaque élève car l’important, ce n’est pas de s’occuper de tous mais de s’occuper de chacun. Je sais que ce n’est pas évident, avec 6 classes, la 6ème est une classe où je fais même de l’Anglais !
Il y a manque de profs d’anglais ! Dit – on malgré le grand nombre de licenciés…Licenciés…leur avenir est d’ors et déjà tracé… contre un mur…
Je risque souvent de m’énerver…
A propos de licenciés…une anecdote que m’a raconté un collègue, à propos de deux instituteurs qui dans un café, se disputaient, à propos de qui d’entre eux aurait réussi sa carrière d’enseignant…
L’un contrarié, dit : « moi, je n’ai pas raté ma carrière ; tous mes élèves, sont des licenciés »
L’autre satisfait et l’air moqueur, dit : « …heureusement que moi j’ai raté ma carrière mais pas mes élèves… ils travaillent tous, des débrouillard qui savent, par où se mange l’épaule… »
Quand je parlais de ma classe d’anglais, il faut que je précise que :
« I speak English too, with a fifteen hooligans! »
Je sais aussi que 50 multiplié par 6 est égale, à trois cents petites têtes, de tous calibres, toutes à moi tout seul! Un vrai bonheur !
Je réclame un haut parleur pour me faire entendre…
Je réclame aussi un berger allemand, pour ma garde, la mienne…
J’ai les nerfs monsieur l’inspecteur… Je m’énerve vite…c’est plus fort que moi… je suis né nerveux… c’est génétique chez nous…
Savez – vous que je me soigne au « Prozac ?
Ca, par exemple ! » Pour vous dire qu’il y a aussi des métiers à risque…j’ai le stress…chronique…
Avez – vous déjà essayé le « prozac » monsieur ?
Oui ! Je suis malade. Je vous-le - dis haut et fort, je hais l’école, le bétail…pardon ! Les élèves, les programmes, les manuels, les inspecteurs qui ne font rien pour moi et même l’école !…Faites quelque chose… sinon je me suicide et vous aurez ma misérable vie sur la conscience tant que vous demeureriez inspecteur…
Même mon psychiatre, ne fait rien. Il me fait payer les séances au forfait, en passant le temps à me raconter ses problèmes…lui aussi se fait des idées suicidaires…je me demande s’il se soigne aussi au prozac, comme moi…même le psy est fou…comme moi…
Et puis, moi… moi je n’ai jamais voulu être enseignant ...J’ai fais de la fac moi…
J’ai eu un diplôme d’ingénieur en agronomie, je suis major de ma promo... Je rêve de patates la nuit… de têtes de choux…d’artichauts, de têtes d’ail, de têtes de bétails…mais jamais de ces têtes qui me font perdre la tête!
Ma pauvre maman me dit : « mon petit, un oiseau dans la main, que dix sur l’arbre » mais par chance, j’en ai eu 300 des oiseaux qui ne chantent, que lorsque ça leur chante de chanter …de vrais troubadours, sans télé commande…
Ce qui m’énerve le plus, c’est pourquoi autant d’oiseaux, pardon, d’élèves dans ma cage … dans ma classe.
C’est fou comme on peut faire exprès de vouloir vous rendre fous ? Vous ne trouvez pas ?
Ma pauvre mère me dit : « tout les métiers se valent, ce qui compte, c’est de gagner sa vie »
Ma vie…J’en ai plus qu’assez de la compter aux centimes près, chaque fin de mois, avec tous ces gourmands de sangsues de commerçants qui ne cessent d’augmenter leurs tarifs, chaque fois que mon misérable salaire augmente d’un centime…ils nous guettent ceux - là…
Moi, au moins je cotise et je paie les impôts…obligé…
Alors le boucher ! Que Dieu m’en préserve…je dis aux enfants que la viande donne le cancer…être né végétarien ne peut que réduire l’effet de serre et confirmer à « Green peace » et même au « Costa Rica » que nous sommes le pays éco- logique, le moins polluant du monde car chez nous, même la prise de poids fait rêver, les filles comme les garçons…tous de vrais mannequins.
On donnerait du fil à retordre à « Pierre Cardin, s’il acceptait de nous prendre comme modèles…
C’est jour de paie, aujourd’hui, après les prolongations bien sûr…
Quelle joie !...quel bonheur!…quelle misère!…
Quand les pauvres salariés, frustrés qui font semblant de travailler touchent leurs maigres salaires, quand on fait semblant de bien les payer ; la joie se lit sur tous les visages crispés comme se lit le livre « cette nuit la liberté » mais hélas, cela ne dure que le temps de réaliser que cette joie était fictive… factice…faussée s’évaporant avec les billets de mille dinars qu’on vous dérobe de la poche à mi- chemin, comme la tempête déleste des arbres de leurs feuilles …
Chaque nouvel an, il faut vous solder et vous faire des bilans lents, au rythme des « tortues Ninja » pour enfin diagnostiquer votre « syndrome de la paie alarmiste » et des arriérées de paie, qui ne se décident pas à rentrer dans votre camp, alors vous vous consolez, en priant dieu pour un dénouement rapide…un vrai film d’action…
Enfin, vous pouvez vous souhaiter « A sad new year, to each other » une nouvelle année pleine de sous et de prospérité ; en rendant hommage au frigidaire qui souffle « la brise brame au clair de lune… »
Le mois de janvier, frais et glacial vous redonne de la pêche et de la vigueur, en vous invitant à fêter votre entrée, dans le défilé de mode anorexique car vous êtes déjà au régime, à cause de la pollution…il ne faut pas l’oublier…c’est pour une noble cause…notre mère, la terre…
Entre nous, il m’arrive, parfois, de songer que je vaux moins qu’une boite de sardines, périmée et poussiéreuse oubliée au fond d’une étagère…gare à celui qui me mange…en plus, c’est stressant de penser avec sa tête et son estomac en même temps…
J’ai des dattes monsieur…je veux dire des dettes…pas vous ?
Eux, ils ont de la chance… Aucun inspecteur ne vient les agacer…les commerçants, pardi…
En plus, mon « prozac » savez – vous au moins, ce qu’il me coûte ? Une fortune ! L’assurance me fait, à chaque rémunération, son duo de contrôle médical, comme s’il n’est pas écrit, sur mon front : « prof ou malade mental »
Je rentre couvert…je sors découvert…
Oh ! Cette chère Casoral qui me donne des torticolis et des crampes à la tête, en plus de ma dépression chronique, elle est le seul établissement, après l’école qui me donne envie de me suicider en m’étranglant par le ventre !…
Je rends grâce à dieu que mes enfants ne souffrent d’aucune maladie rare, administrative ou bureaucratique. Je me réjouie de leur bonne santé mentale…
Avez- vous - des problèmes avec la casoral, m’sieur?
Oui monsieur, je suis même furieux, contre ma petite femme chérie qui ne cesse de vouloir posséder, touuuut ce que notre chère voisine possède. Elle est la femme d’un entrepreneur qui n’a jamais connu d’école. Sa mère aurait dû prier fort et fortune pour lui ! Ma femme veut la parure en or de la voisine… le salon en cuir de la voisine… la télé grand écran de la voisine…alors pour la voiture …
Je ne cesse de lui dire que la marche à pieds est le meilleur remède pour son cœur…pour son moral… et même pour ses kilos en trop…ma femme sort de la règle car la charge pondérale est aussi un problème génétique chez elle comme pour mon stress… rien avoir avec une suralimentation probable…je le jure sur sa tête…
L’O M S l’a classée, deuxième, après les déchets nucléaires de « Chernobil »… Elle a radié son cœur...
Un jour, en plein crise de nerfs, savez- vous –ce que je lui ai dit ? Je lui ai dit : « Tu ne voudrais pas le mari de la voisine, par hasard? »
Comment ose – elle- me comparer, moi, serviteur du savoir, esclave infortuné de la connaissance avec un ignorant qui se balade en « série 6 » ?
Ne cherche- elle- pas à devenir veuve, avant ma retraite, celle – là ?
« Moi, j’ai fait ce que j’ai pu » Pas vous ? Et puis, je m’en fiche !
Je m’en fiche même de mes 305 têtes car un jour c’est de ma tête que l’on doit s’occuper…le chiffre aurait bien fait d’être la marque d’une bagnole, par exemple...
Vous voulez ma tête monsieur l’inspecteur?
Savez – vous que moi aussi, j’aimerai bien me la jouer, aux hommes d’affaires, dans des quatre multiplier par quatre, avec des lunettes de soleil qui ne protègent pas des rayons x…j’ai toute un « savoir me faire voir » dans mon répertoire mais c’est à peine que l’on me voit…
J’en ai marre de ma tête…si seulement je pouvais me la faire changer comme on change de cravates ou de costumes… savez – vous – qu’il y a des gens qui ont des conteneurs de têtes, en pièces de rechange …tout ce qu’ils peuvent cacher de morbides, de perfide ou de stupide, peut facilement passer partout …pas moi…pas moyen…ma tête, je dois supporter de la porter, toute ma vie. Elle me colle bien aux épaules…je ne l’aime pas mais elle m’aime…elle me fait subir toutes les agressions, toutes les humiliations … elle ne me fait pas avancer…elle me fait trébucher, à chaque tournant…
Et puis, les autres s’en fichent… c’est ma tête, après tout et je dois la gérer comme tel…l’assumer…à moins que je songe à me faire de l’esthétique…dans ce cas, je peux me faire poser la tête de « ziani » ou de « Zidane.» en empreint, bien sûr…
La célébrité demande bien des sacrifices… ça ne me dérange, en aucun cas d’être célèbre, surtout les jours des remboursements…
J’obtiendrai alors le trophée de la meilleure « tête passe partout » …
Demain est un autre jour comme dira ma maman…
L’Inspecteur n’a rien voulu comprendre ! Il a failli me faire révoquer si mon prozac n’était pas là, pour me sauver la tête… Vous savez il m’a fait rigolé, moi qui ne rit presque plus, en me disant que je devrais être plus attentif, plus créatif, plus organisé et plus paternel avec mes mômes…lui qui, avec moi était plus rustre qu’un montagnard…
Il m’a traité même de fou et de schizophrène !…
Je ne le dirai jamais assez ; je ne suis pas fait pour ce métier point, c’est tout.
Nous organisons aujourd’hui le conseil de discipline d’une fille qui a agressé son professeur de sciences…avec quoi ? A main nu… elle lui avait assené un coup de point en plein œil…elle avait profité de sa supériorité physique et parentale… c’est une grande gaillarde, avec trois ans de sursis…je veux dire qu’elle redouble…reredouble et rereredouble … monsieur le directeur semble gêné à l’idée de lui donner sa retraite, voire de la punir car elle est la fille d’un quelq’un qui semble t-il- a fait du TAÏ KUANDO, lui aussi…les mains dans les poches…
Le pauvre professeur de sciences s’est contenté de suivre les directives administratives qui stipulent, qu’il n’a plus le droit de traiter les ados, qu’à juste titre et non comme des adultes bien que l’âge adulte doit changer de loi car il faut le prolonger, au moins de dix ans…il doit faire tous les efforts psychopédagogiques, sociologiques et ophtalmologiques nécessaires pour gérer la situation et jeter le rapport médical de l’ophtalmo, aux oubliettes.
C’est normal surtout que sur le plan humain, le prof doit jouer le rôle du père Protecteur et souciant de la sécurité de ses enfants…même à l’avantage de ceux qui sont plus grands que lui et puis ; ce malheureux est trois fois plus âgé qu’elle tandis qu’elle est trois fois, plus grande que lui…c’est l’équité de la nature pour les deux…
C’est jour de composition, les sujets d’examens imprimés, les élèves chacun à sa table… atmosphère solennelle, comme dans une école normale : Discipline et travail sont de rigueur….
Voici et voilà quelqu’un qui fait les sentinelles à l’extérieur de sa classe, en fumant une cigarette ; se disant sans doute : « A quoi bon les surveiller, de toutes façons, ils passeront tous, le bon comme le con ! » Comme ça on réduit le taux de fuite scolaire pour éviter le taux de fuite criminelle…normal !…
Un autre profitera de l’occasion pour corriger la pile de copies de sa composition, en se disant que comme ça, il gagnera du temps car le temps c’est de l’argent. Sa boutique l’attend après l’école…il faut bien un système « D » pour pallier au déficit financier dont il souffre…
Un autre, un fan du foot lit son quotidien préféré …
C’est une poudrière, les matchs de la qualification pour la coupe du monde, ces jours - ci...un vrai cataclysme médiatique…
Les journalistes sont à un niveau de performance optimale, au point de se faire entraîné, dans un match médiatique impliquant, même les grands dans des enjeux enfantins, tous les coups sont permis : des hors jeux, des penalty, des coups d’épaules aux shorts arrachés, des coups de langues, des coups de cartons multicolore, des insultes…des casses…
Ce que le foot ne peut pas faire !…des journalistes qui braillent, qui font couler autant d’encre, que de sang que se font voir couler, les Iraquiens piégés, dans les rues, quotidiennement…
Bravant les aléas et respectant l’éthique et la déontologie qu’impose ce noble et dangereux métier, les médias font bien leurs tâches…aux stylos à balles et aux chamailleries de femmes de « Dar sbitar »…c’est le pouvoir de la presse à vous faire rougir de honte et vous faire mourir de rire… un feuilleton tiers - mondiste lamentablement, lamentable…
Au fait, le foot…J’en oublie mes enfants…j’en oublie même mon prozac car c’est mon autre « prozac », mon coup de foudre…je regarde tous les matchs : la coupe d’Afrique, la coupe d’Europe…alors la coupe du monde…il me faudra doubler ma dose de prozac…Je suis un habitué des montées d’adrénaline... Je suis aussi un hypertendu qui aime se détendre en fumant et en buvant du café noir de presse…
Même les enfants sont enrôlés, dans cette spirale euphorique. C’est la magie du foot, imposante et ensorcelante ... « les cœurs pressés, vous donneront un jus de liesse, de trois couleurs » : rouge, vert et blanc… Ils ont de la motivation et de l’engouement comme ils ne peuvent jamais en avoir pour l’école…de l’adulation pour les joueurs comme ils ne peuvent jamais avoir pour leurs profs ou pour leurs pères…et si on se faisait de vrais matchs de classes et qui marque le plus de points passe, sans violence ni tricherie ?
Un patriotisme fiévreux, sans pareil s’empare de tout le monde ! Les petits qui se décident désormais à apprendre l’hymne national, par cœur et en entier et avec quelle ferveur et quel enthousiasme ! Avec quel amour et quel respect… c’est la magie du foot qui réussit là où l’école échoue… c’est l’unique prozac qui peut générer le big bang…le seul langage universel et multicolore, parlé par tous, même par ma mère… l’électro choc qui remet les cœurs morts en marche…merci le foot…
Il suffit qu’on vous effleure le corner de la dignité et vous vous retrouvé pénalisé sur le coup, c’est votre côté patriotique chronique…
Un autre prof à l’âme charitable tentera quelques coups de mains pour aider les pauvres petits, impuissants devant le sujet de cette langue étrange…étrangère… lui, se dit qu’il fera partie de ceux que Dieu éluera à son paradis avec toutes les bénédictions terrestres car il fait partie des « professeurs humanistes, sans frontières » qui accourent lors de tremblements de terre, lors de pandémies, lors de matchs… perdus…!
Je dois prendre mon comprimé de « prozac ! »
Je me sens mieux, maintenant…
Ce que je fais, moi ?
Je surveille ! Que pensez-vous que je fous ?
A la sortie de l’école, mon fils me parle…devinez de quoi ? De l’école…je ne suis pas sorti de l’auberge…
Il me parle de sa prof de français enceinte encore une fois ! Elle vient juste de sortir de son congé de maternité qu’elle attend la septième conception, cette fois « un Y » au féminin, si dieu le veut bien car elle n’a eu que des garçons, par mal chance…cela dure déjà, depuis neuf ans…elle aura tout le temps pour constituer son équipe, elle !…
Ah mes collègues femmes ! Je les envie et je leur en veux, aussi…Je n’arriverai jamais à comprendre comment elles font pour concilier école et travaux ménagers …d’où elles puisent l’énergie et le courage qu’elles dépensent, avec le nombre de bébés qu’elles font…
Elles sont plus coriaces que nous…il faut bien l’admettre… Elles font tout et bien, à l’école comme à la maison…
Ma chère femme au foyer, passe son temps à regarder les voisins par la fenêtre…ce serait le chaos total, à la maison s’il n’y avait pas ma petite mère pour s’occuper de nous…ma femme est une cousine que ma mère avait choisi pour moi, d’où son sentiment de culpabilité accroissant…
Qu’est- ce- qu’elles ont les femmes qui travaillent ? Elles gagnent de l’argent…il y en a même qui partagent avec les autres… leurs maris… il m’arrive de songer que J’aurai aimé épouser une femme que j’aurai choisi…que j’aurai aimé…qui travaille…qui aime le foot…qui regarde les documentaires sur les animaux, à la place des feuilletons turques (la nouvelle vogue, après les films égyptiens et mexicains)…qui discute d’autre chose que des voisins…qui soit…
Garçon ! Un verre d’eau et un café presse bien dosé!
Autant en faire un entrepreneur ou un footballeur, dès maintenant ! De qui ? De mon fils bien sûr…
C’est de mon fils que je parle…
Et puis, je n’ai même pas le temps de jouer aux parents d’élèves… je le fais taire et je me terre, dans ma chambre…je ne supporte plus aucun bruit et puis, il y a les factures à payer, la parabole à régler et ma mère que je dois conduire chez le dentiste, demain pour son dentier…
Je m’installe pour me détendre, en regardant un documentaire sur les animaux et voilà que ma chère femme, me donne la nausée avec ses propos interminables et propices sur la voisine, juste au moment où je veux être seul avec moi même…
Des moments, je me demande pourquoi les gens se marient- ils ?
Probablement, parce qu’ils ont peur de dormir seuls, la nuit…
Ou, pour que la race humaine menacée de disparition, soit protégée comme les baleines bleues…
Ou ; c’est pour coucher toute votre vie à côté d’un mort qui vous tourne le dos, renflant comme un moteur dont les soupapes se sont usées, après s’être empiffré de tout et à la fois, oubliant même votre existence…
Ou, c’est pour avoir la bénédiction de votre tendre mère que vous ne pouvez contrarier…
Ou ; c’est pour remplir une bouteille vide, de votre mémoire sélective pour la refermer hermétiquement et la jeter à la mer…sending : « A message in a bottle »…puis vivre sans mémoire…
Ou ; c’est pour vous rendre fous, par préméditation pour échapper, à de faux préjugés …
Je ne sais plus mais je sais qu’un professeur qui devrait subir une maltraitance financière et conjugale, ne doit pas se marier…
Avec mon traitement, j’oublie par moments les prénoms de mes enfants, alors ceux des élèves !…
Tomorrow is another day…
Dans ma classe d’Anglais, I do what I can do…
Les langues n’ont jamais été mon fort. Mon lexique se résume aux termes scientifiques, éparpillés dans mon jargon d’agronome que je ne fus jamais…
Time is money, money gives time…
Le temps…j’en invente pour rêver à travers ma fenêtre de classe…je contemple toutes ces feuilles dorés, d’un arbre qui semble s’échapper d’un effarant incendie…je peux entendre même, le souffle de la fumée caressant ses branches comme pour l’étouffer dans une étreinte suicidaire comme à laquelle s’adonnent les scorpions, encerclés par un feu…
Le temps…j’en arrête, quand il peut se figer, les choses qui ne peuvent sortir que des vers d’un poème…des choses qui me prolongent, dans le futur ou le passé comme une machine à remonter le temps…les particules des choses que je peux voir au microscope et qui n’intéressent personne…mes choses à moi que je ne partage qu’avec moi…
Le temps…il vous siège sur une chaise électrique où vous désespérez à actionner le bouton « on » pour en finir, une bonne fois pour toute mais vous hésitez car vous avez égaré la télé commande…quand votre lâcheté gagne du terrain, au jeu de « play station »…quand elle vous enlève l’homme qui est en vous, pour ne laisser qu’un bébé pleurant d’avoir mouiller sa couche…et de vos débris naissent vos cauchemars, les plus fantaisistes…vos insomnies, les plus longues…vos pires ennemis…
Le temps passe en marquant, à chaque instant son territoire pour vous faire rappeler que vous n’êtes qu’un subalterne et quoique vous fassiez, vous ne serez que le passage à niveau du train train de votre vie, lent et écrasant comme s’écrase un corps sous un cauchemar…votre passage invisible qui disparaît, à travers l’autoportrait poreux de « Van Gogh » qui s’est arraché l’oreille, en guise d’auto protestation et de rage contre soi et non pas par amour comme ils prétendent…
Le temps vous broie, après que vous aurez couru comme un fou, donné votre sang aux puces, rendu l’âme sur une table de morgue, agonisante où souffle l’odeur infecte des spectres nus dont on a brûlé les linceuls, par peur de contagion mais vous aurez toujours, le temps de pleurer sur votre sort, comme le font les pleureuses de films…
Vous aurez le temps de grincer des dents, s’il vous en reste encore, pour vous rappeler que vous ne fussiez rien ou que vous n’étiez qu’une chose parmi d’autres…vous aurez le temps de vous juger sur tous les crimes que vous n’avez point commis mais qui vous condamnent au purgatoire, sur toutes vos lâchetés qui ont fait de vous un zéro, placé à gauche pour que vous demeureriez un rêveur, un mort qui a raté sa vie…
Le temps vous use et vous épuise, il vous aspire la cervelle par les narines car fatalement et indéniablement ; vous êtes fait pour dormir toute votre vie, avec vos chaussettes puantes à vous gangrener les pieds, sur un carton enneigé de graines de polyester, en persistant à demeurer le garant éternel, de votre sommeil comateux …
Vous êtes fait pour vieillir avec la rancœur et le regret même, après votre mort ; d’avoir raté vos funérailles parce que vous arriviez tard, en pyjama, les pieds nus, après les corbeaux et tous les oiseaux de charogne…vous continuez à rêver, quand même car vous êtes l’incarnation de l’auto sarcasme en personne…vous êtes l’acteur du « one man show » qui joue tout seul la tragédie burlesque… qui se sèche les larmes, avec du papier toilette, après un fou rire de simulacre…devant un publique de sourds muets…
Le rêve…Je le fais en songeant à l’hirondelle qui peut faire le printemps …J’en fais des rêves de champs de blé transgénique qui nourrit toutes les bouches dont les mâchoires se seront soudées, cousues par le silence…le rêve bleu du ciel gris qui vous tombe sur la tête et vous achève parce que vous souffriez de calvitie et que la tempête a emporté vos cheveux comme, autant on emporte le vent…
Le rêve, même les oiseaux , sans ailes, en font quand, dans leurs vols, ils s’égarent , aspirés par les réacteurs d’un boeing qui se prépare à un crash certain…le rêve… seule havre de salut, votre hantise qui vous reste pour fuir, les obscures ombres qui hantent votre champ de vision diurne dont le soleil a brisé les lunettes à coup de rayons ultra - violents …le rêve qui vous libère est le même qui vous enchaîne en souffre – douleur et empoisonne les eaux troubles qui débordent de votre verre en plastique, recyclé aux « Indes »…
Le poison…quelques gouttes et vous êtes loin au paradis…un cobra noir… le monstre de « Jila »… une minuscule veuve noire…votre femme…votre voisin…votre tête…
Le noir…ma couleur préférée…cette masse indéfinie du cosmos qui emplit nos boites crâniennes… que l’on questionnera après les crashs… qui remplit nos esprits damnés qu’on soupçonne de mauvaise haleine…le noir qui emplit le ventre déformé, qui vous porte neuf mois au chaud pour vous balancer, enfin dans un monde hostile et froid, vous prodiguant les premiers soins : votre première claque qui vous fait crier pour vous souhaiter la bien venue, votre premier pas, hésitant sur le tapis rouge de la vie… don…cadeau…choix ou providence ?
Le choix… en on a- t- on tous ?
La providence… vente aux enchères…qui dit mieux…qui dit plus…qui dit fort…
Qui dit oui…adjugé…
Dire « oui »… SAY YES…Comment dire non ?
Non mais ce sont mes comprimés qui me donnent tout ces états de délire…
Délire… les malades en font…les drogués…les choqués…les enfants maltraités…les abusés… les violés… les sourds muets…les aveugles…les aveuglés…les misérables…les soldats…les insurgés…les coupables…les repentis…les ratés…les insomniaques…les imbéciles…les perdants…les jaloux…les alcooliques…les paraplégiques…les condamnés…les poètes…les philosophes…les journalistes…les enseignants…les fous…comme moi…
Je peux vous dire pourquoi j’aime regarder les animaux, à la télé…
Les animaux ne deviennent jamais fous, sauf les vaches auxquelles on avait fait du « body building »…pour les faire passer, de simples bovidés maigres, en véritables carnassiers musclés …
Vous savez tout, sur le génie du génome humain, diaboliquement prêt à faire croiser les singes avec les humains pour en faire des hybrides…au fait, c’est du déjà fait …quant à vous faire manger, de la viande de « saints Bernard » …au nom de tous les saints…des « hot dog» et des âneries très savoureuses, en barbecue, on peut dire qu’il n’ y a pas que les chinois qui gobent tout …
Regarder les informations, c’est à vous noyer dans l’apocalypse, à vous donner un infarctus… public averti de préférence pour les âmes sensibles…
La folie… conçue par un être tragique… un être funeste et cynique qui devrait passer en cours martiale et être juger par des colonies de fourmis amazones…
Cet être qui inventa toutes les guerres : La guerre nucléaire, la guerre bactériologique, la guerre froide, la guerre ethnique, la guerre théologique, la guerre mondiale, la guerre tribale, la guerre raciale, la guerre des étoiles… la guerre médiatique, psychologique… génétique…la guerre pédagogique …la guerre névralgique…la guerre climatique…la guerre antarctique…la guerre économique…la guerre sporthic…
Toutes les guerres qui se terminent par un désastre, en « hic! »
Quel potentiel, avons- nous, créatures humaines pour faire des avancées, aussi étonnamment constructives et progressistes ? Un potentiel du commun des mortels qui se surpasse et ne connaîtra jamais ses limites…
L’homme guerrier des temps anciens inventa les armes pour chasser les animaux, puis devient peu à peu, un animal, chasseur d’hommes... Il consacre plus de temps à faire la guerre qu’à se faire raser le visage …ce prodigieux animal social, à qui Dieu a confié le sort de la terre mais qui en dépit, veut régner en dieu, immortel et omniscient…comme quoi, il n’y a que les animaux qui ont droit de plaider à l’innocence…
Je me réveille de mon délire et de mes questions existentielles, sans réponses, pour recevoir la visite du directeur qui me fait, des remarques sur l’aération de la classe, les blouses déboutonnées de quelques élèves, le tableau avec les restes de la leçon de physique, les élèves mal assis, mal coiffés, mal…bof…
Je me réserve dans ma torpeur et je garde mon calme, en ouvrant les fenêtres. Ca sonne ? C’est la récré…
Absorbé dans la cohue, je traverse les cohortes des enfants insouciants qui ne vivent que les instants présents, pendant lesquelles, ils savourent leurs jeux, leurs rêves, leurs bagarres, leurs mépris, leur liberté, leur arrogance et leur goûter…sans se soucier du demain ou de quoi il sera fait…
Je me fais venir des souvenirs d’enfance où je rêvais aussi, des rêves aussi petits que ces mômes…je rêvais de mon école à moi, l’école de tous les temps et de tous les enfants… des riches et des pauvres…des filles et des garçons, tous ensemble…L’école de l’humanité qui forment les enfants mais ne les transforment pas…qui construit les enfants mais ne les détruit pas…l’école qui avance mais ne recule pas… qui couve et protège , comme fera une mère poule, farouche et tendre…
Une école qui rêve et qui exhausse les rêves, une école ni moraliste ni moratoire car la morale se pratique, ne s’apprend pas…une école qui symbolise la main qui se tend pour prendre toutes les mains, même celles avec six doigts pour les guider dans les labyrinthes de l’incertitude car l’avenir appartient aux petits malgré tout, loin des interminables compromis obscurantistes et altiers des grands ; en âge, bien sûr …
Mon rêve était d’être ce que je veux être et non pas, ce qu’on veut que je sois…
Les jours se suivent et se ressemblent…
Oh ! Que d’amertume qui emplit mon pauvre cœur meurtri par ces moments de déprime…des fois j’aurais souhaité n’être qu’une pierre, égarée au fond d’un océan, ne pensant point, ne pesant point, n’ayant point la chance même d’être dans une main hasardeuse et adroite…une simple pierre, sans vie, sans nuisance et surtout sans remords…
Encore un comprimé pour sortir de l’aire de pierre, vers lequel je dégringole…
Je suis en congé de maladie malgré la casoral… Je prends congé de ma femme, de l’école, des enfants, de ma mère, des voisins…de la vie, si je pouvais…
Ce matin, ça me chante d’aller me faire une marche, une marche à deux, moi et moi. Je dois marcher vers l’avant, sans me retourner car j’angoisse à l’idée de me retourner… Je dois marcher pour moi… pour ma cause …je dois marcher, seul, sans encombres, pieds nus…si je pouvais seulement ne point m’arrêter…marcher pour oublier que, je suis…pour ne point entendre ces voix qui me harcèlent…qui me hantent…je dois marcher jusqu’à l’épuisement…jusqu’au bout du rien, au bout du déclin… qui me soulagera peut être et absorbera ma peine …marcher…marcher…marcher…et encore marcher...
… Je me sens beaucoup mieux…il suffit d’un ordre qu’on donne à ses jambes et elles vous transportent, là où la déception n’existe pas…au cas où vous les auriez laissées quelque part, vos chères jambes ou au cas où, quelqu’un vous les aurait volées, à contre cœur, vous seriez trop déçu, trop révolté, trop seul …
Un monde si simple quand il se veut ainsi… je n’ai plus besoin de mes comprimés…bizarre !…quelle gratuite thérapie…quelle gratitude…le monde s’offre à nous comme les fleurs au printemps, il nous communique sa sagesse pour ne prendre que ce qu’il peut nous donner, sans abus ni délestage…
Que voulons –nous ?
Vers où, marchons –nous ?
Je rentre tard…je suis épuisé mais serein…Je me couche sans rêves ni cauchemars, assommé comme mort, jusqu’à midi… un autre moment de liberté que ce monde m’offre, le sommeil… un moment parmi d’autres que je consomme sans modération, pour échapper à ma vie…
Je passe mon congé entre les exercices de marche, à la psycho thérapie et les petites bricoles ménagères, que je me dois de faire pour faire quelques économies, ça et là…
Je vous le dis, c’est la casoral qui me tuera…
Je rembourse à contre cœur, mon malheureux congé et en tenant les malheureux sous, qui me donnent envie de sangloter comme les enfants, je songe au génie de l’homme qui, en plus de sa découverte du feu pour cuire les aliments, inventa l’argent pour cuire les esprits… L’argent pour qui, pourquoi ?
Pour inventer deux mondes…
Les pauvres d’un côté et de l’autre côté…ceux qui sont nés pauvres ; mourront pauvres quoiqu’ils fassent parce qu’il en faut bien pour faire un autre monde… c’est si simple que ça.
Les pauvres souffrent et souffriront jusqu’à la fin du monde, non pas des riches qui font de leurs ventres des cimetières pour les bêtes et de leurs têtes des boites de graisse saturées mais de leur auto – dérision… du mépris…de la déréliction…
C’est tout ce qui fait la différence entre la vie et la mort, le nord et le sud, le savoir et l’ignorance, le haut et le bas, le blanc et le noir, le jour et la nuit, le respect et le mépris…
Que deux mondes existent grâce à l’argent, c’est d’une ingéniosité et d’un riche fatalisme…
Le monde qui vit dans les marécages, c’est le monde auquel appartiennent, ceux qui se lèvent tôt pour dormir tard… ceux qui bossent uniquement pour se faire voir pousser des bosses…ceux qui courent, sans souffle et ne s’arrêtent jamais …ceux qui attendent parce qu’ils ont tout le temps pour ne rien attendre…
Ceux qui perdent tout, quand ils n’ont plus rien à perdre…ceux qui combattent car ils sont né soldats…ceux qui meurent et qu’on enterre dans des fosses communes et anonymes car il n’y aura personne pour les pleurer, sans funérailles…ceux qui ne rêvent plus car ils dorment, les yeux ouverts…les oubliés du monde qu’on jette aux oubliettes…
Le soleil ne se lève pas sur tout le monde, je vous préviens…
Quelques morceaux de papiers glacés très sales et contaminés, par tous les germes et tous les acariens, font de vous, ce que vous êtes ou ce que vous n’êtes pas…c’est toute la contre verse de ce monde qui s’acharne contre vous parce que vous n’êtes pas de ce monde…
Vous voulez savoir qui vous êtes ? Cliquez sur votre glace sur le site « des oubliés » et regardez, si vous y êtes…vous vous rendrez compte que vous n’avez plus de reflet! Pas de reflet ? …vous vous dites sûrement que, ça doit être l’écran de votre glace qui doit être contrefait « marque chinoise déposée »
Ou…ça doit être la pièce où se trouve la glace…qui est noire et opaque…
Ou… votre reflet, en a eu marre de vous et décide de vous quitter car il n’aime plus votre tête pathétique et antipathique…
Ce qui fait, que vous devez commencer à vous rechercher pour vous retrouver…vous vous devez bien ça…pour vous, si vous voulez vous regarder encore…
Vous devez faire comme dans les contes…surmonter votre peur…voyager à travers les forêts noires, habitées par de méchantes sorcières, qui, peut être vous jetteront des sacrilèges pour vous ralentir …chercher la baguette magique du grand Merlin pour vous jeter des anti sorts…
Vous devriez même vous laisser arracher vos cheveux ébouriffés, un par un…vous badigeonner le crâne, ensuite, à l’huile d’olive mélangée à l’huile de moteur diesel, usée… décapiter quelques grenouilles pour vous confectionner un collier porte –bonheur, avec les têtes évidemment… avalez votre langue avec votre propre urine, vous couchez sur le dos confortable d’un porc épic, à la belle étoile et va savoir…
Si ça ne marche pas, vous devez écrire des chansons d’amour, contre les guerres, contre l’argent, contre les vols des reflets de visages, contre la haine des hommes pour les hommes…contre le voisin qui gâche votre vie…contre la pollution de l’environnement mental, contre le mépris…enfin contre ce monde fou à lier…
Si ça ne marche pas, allez devant le siège de L’ONU …à moitié nu, comme faisait « GANDI ».
Faites la grève de la faim, la grève de la joie, la grève de la vie…
Coupez- vous les veines pour que ça puisse faire de l’effet mais ne laissez jamais votre reflet aux autres… ils pourront ne jamais vous le rendre, tel que vous l’avez toujours connu : révolté et méprisant…
Si vous n’en voulez plus, alors arrêtez de vous plaindre, mouchez – vous le nez et restez dans votre lit en buvant votre lourd café noir, sans sucre et en fumant votre mégot…
Tout rentre dans l’ordre quand on y met du soi et on se retrouve, même pour peu de temps, équilibré et en bonne santé mentale…
Que de délire ce prozac…
La vie reprend à l’école…Nous avons des stages de formation pour nous faire améliorer et nous performer…Par un grands nombre de pédagogues, de philosophes, de psychopédagogues dont les noms ne sont que français, canadiens, allemands ou américains…figurant sur des milliers de livres et des milliers de sites…que de pensées, d’idéologies, de théories à en remplir les couffins à la place des patates…les patates, c’est toute notre vie…notre belle histoire d’amour ratée…notre credo…
Quel rapport avec les livres ?
Que de jugements, de préjugés sur cet être vivant qui tend pertinemment, à se métamorphoser, en souris blanche de laboratoire pour ne plus fuir devant « Tom » qu’on appellera, désormais « apprenant cobaye » …que d’efforts en terminologie également, nous fournissent- ils !… apprentissage, communication, autonomie et psychologie…y a- t-il plus meilleur exemple pour ça, que le monde d’outre mer, le glorieux occident à l’intelligibilité suprême et avérée?
Quel rapport avec le tiers de notre monde qui s’acharne encore sur les patates, au troisième millénaire et qui ne risque pas, de se faire voir y renoncer…
Leurs élèves, des terminators habillés en cow boys qui ne communiquent plus qu’à coups de fusils à pompe…des tueurs didactisés qui tuent, en vrac, à même les enceintes des écoles, sacrées et bénies comme le "Gange"…
Même à coup de masques de « bugs bunny » et en « face book » car de la technologie, l’homme persiste à ne sélectionner, que le côté tranchant et aiguisé du couteau, c’est tout à l’image et à l’honneur de cet être envahisseur qui aime les conquêtes de l’ouest et les mésaventures du nord et du sud …
Les nôtres n’ont pas besoin de tous ça, n’ont même pas besoin d’école puisqu’ils sont les meilleurs « the best, the champions » car malgré eux, ils ont les meilleures débouchées au monde : sportifs, entrepreneurs, « haragas », « hitistes », cerveaux mobiles ou psychotropés, aux produits génériques, comme moi…
Tous avec un bagage, des surdoués de grande gamme et « un savoir débrouille ta tête, atypique » en pré requis très acquis et bien maîtrisé…
La grande école de la vie, à ne jamais sous – estimer, ni à prendre à la légère…
Les nôtres se passeraient bien de toutes les théories révolutionnaires, de toutes les écoles modernistes, progressistes car s’ils échouent rarement, ils ne peuvent que réussir devant l’être mal dont ils puisent La force du proverbe qui dit : « ce qui ne tue pas, ne tuera point et si vous pouvez brûlez les frontières, vous survivrez à la xénophobie »
C’est tout le génie de nos génies, même si c’est l’enfer qui les attend ailleurs, le rêve est leur convoyeur. Ils appellent ça le « savoir vivre dans le mal être » les mal-aimés…
Rien n’y fera, ni les nouveaux programmes liftés, aux seringues de collagène qui donnent l’air d’extra – terrestre qui vient de se réveiller… , ni même la réincarnation de « Darwin » en singe « Ourang Outang », ni le complexe d’eoudip, de « Freud », travesti en mère de « Norman » dans « psychose 3 » …
Les écoles du monde entier, ne sont plus que des chantiers livrés aux pires architectes qui trichent dans le dosage et dans la qualité des matériaux…ils construisent des édifices sans âmes, sans lumière, sans cœur et sans issues de secours… en cas d’incendies, veuillez appelez le 14 et sur le fixe, de préférence…
Le château de sable dont la vague emporte les graines, de jour en jour …
Les écoles se sont transformées en garderies où l’on s’acharne, le soir à vérifier qu’aucun enfant ne manque à l’appel…
Ils sont sortis comme ils sont rentrés…
L’école doit- t- elle être à l’image de la société ou c’est la société qui doit être à l’image de l’école ? Ou simplement, les deux doivent coexister en symbiose et en harmonie…l’école qui se doit de former l’enseignant, l’enseignant qui se doit de former l’élève qui formera la société qui formera les écoles qui reformeront les élèves qui seront la société …
Les élèves, doivent- t - ils supporter les cinq ou les sept kilos de savoir, dans leurs cartables chinois qui craquent, dès la rentrée et qui donnent la scoliose de la colonne vertébrale, quand il s’agit de têtes bien faites et non de têtes bien pleines ?
La motivation doit m’inspirer l’espoir qui me fera vivre…
La vie doit me rendre la monnaie, de tous ce que j’ai payé, en billets, propres non déchirés…et l’avenir n’est qu’une gageure sur laquelle ne peuvent parier, que ceux qui prétendent à l’immortalité…
Ma mère restera toujours ma mère, sage et patiente…elle aussi, a enduré des vertes et des pas mûres… malgré qu’elle n’a pas fait d’école, je ne vous cache pas qu’elle dépasse « Aristote et Socrate » en syllogisme…chose formelle, on ne se fie qu’à soi – même, quand on est têtu et nerveux comme moi…je vous explique…
Ma mère a hérité d’un petit lopin de terre qu’elle voulait vivement que j’exploite ; elle voulait que je reste au bled pour y planter des fruits et des légumes et faire prospérer ma terre ancestrale mais ma femme n’en voulait pas…
La vie citadine m’a tenté moi aussi, je l’avoue…quand je pense à la gratitude que ce morceau de terre aurait pu me rendre…on laisse la terre au créateur et on crée nos propres terres où on se creuse nos propres tombes où l’on s’enfonce tout doucement…
Ma vie aurait pu prendre un autre tournant que celui – ci, si j’avais écouté ma mère et quel tournant ? Celui pour qui je suis fait…J’aurais pu avoir cette vie simple dont je rêve, même le jour… une vie faite de chants d’oiseaux, aux petits matins dorés…de labeurs, aux moissons de blés, à la fin de l’été…de confort de gens modestes qui n’aspirent, qu’aux rêves les plus banaux…
J’aurai appris à mes enfants ce grand amour avec un grand « A » de la terre, de la mère qui ne doit jamais décevoir ses propres enfants…j’aurais appris à ma femme que le fruit du travail ne se résume pas aux sommes d’argent, dans son CCP ou dans son compte bancaire, ni à la marque de voiture du voisin...je n’aurai même pas connu, ni la casoral, ni son cassement de tête, ni le prozac, ni le stress…
Ma mère n’avait pas à supporter mon « F 3 », sans soleil et sans intimité…elle n’avait pas à déboucher, chaque jour les toilettes parce que le voisin du dessus, vous arrose d’ordures, à vous boucher les narines… mes enfants auraient pu sauter et courir, sans leur faire rappeler à l’ordre et à mille reprises, qu’il y a des voisins en dessous, qu’il faut respecter…
Pour faire atténuer la douleur, on endossera ça sur le compte du pauvre destin, car quand la mayonnaise prend, c’est nous et quand elle flasque, c’est le destin…raisonnement fataliste de ceux, que les choses changent mais qui ne changent pas les choses…comme moi…
Je laisse derrière moi la terre, les regrets et l’espoir… ils ne me sont d’aucune utilité, aujourd’hui…Je dois me concentrer sur ma santé…j’en ai besoin…
Je me demande pourquoi je suis si médiocre et si invisible, même pour moi même…je me demande pourquoi ce « je m’en foutisme » mêlé à l’agonie de chaque jour, épicé de piment de Cayenne, sublimissime qui vous fait vomir vos poumons dans vos mains…
La forêt ne peut pas cacher l’arbre…la réponse est chez nous… tous…
Mon père disait : « Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir »
L’espoir, vous pouvez le conjuguer à tous les temps et à tous les modes mais vous n’aurez que sa forme infinitive, à vous faire avaler avec un comprimé de paracétamol…
Quand tombe le soir, les démons surgissent…pour veiller sur votre insomnie, en dégustant un thé fort et en vous tenant compagnie, ils se racontent les souvenirs des gens d’outre tombes pour dire leurs rires confisqués… leurs larmes gelées… leurs cris étouffés… leurs rêves brisés… leur espérance éventrée… leurs vies assassinées…
L’espoir fait vivre…oui… quand approche la délivrance, quand approche la lueur qui chasse la peur ailleurs…l’espoir qui vous ouvre les portiques d’une route libertine jonchée de roses et de jasmins et de soirs au clair de lune…


Votre espoir, l’échappatoire, en votre mort ; il se résume…

Qui voudrait lire le livre de votre vie mesquine,
Ecrit avec les mots des gens qui se plaignent, se résignent
Dont la douleur a tracé des champs d’amertume ?
Où se prélassait votre cœur en tas de débris, en ruines…
A marée basse, la mer rejette son blanc d’écume.

Votre espoir, l’échappatoire, en votre mort ; il se résume…

Qu’avez- vous fait de vos promesses, de jeune gardien de l’abîme ?
De la silencieuse litanie…l’aviez- vous chanté, en sourdine ?
Qu’avez –vous fait de vos vingt ans ?…un poème qui n’a pas de rime !
Qu’avez-vous dit à vos enfants, quand vous avez courbé l’échine ?
Quand vous avez rougi de honte ; en affichant votre mauvaise mine…

Votre espoir, l’échappatoire, en votre mort ; il se résume…

N’avez-vous jamais composé, les lettres qui peuvent dire les mots,
Les mots qui peuvent vous apaiser, qui vous soulageraient de vos maux ?
Avez- vous changé vos cadeaux, avec le poids de vos fardeaux,
Que vous n’avez su partager, même pas avec un rire d’enfant… ?
Oui, vous vous êtes vu trop déçu, à décevoir même les perdants…

Votre espoir, l’échappatoire en votre mort ; il se résume…

Le cri de la vie…le cri de mort, ce sont les deux cris de la joie,
Qui vous rappellent à chaque fois que la vie n’avait pas de lois
Qui vous rappelle que vous n’étiez que l’ombre du chien qui aboie
Qui vous rappelle peut être que, vous aviez eu trop peu de foi…
Votre illusion, votre détresse, vous rappellent, vos cris sans voix…

Votre espoir, l’échappatoire en votre mort, il se résume…

Combien de fois, vous êtes parti, sans âme et sans vos vrais papiers,
Pour arriver, au bout de la route, aux frontières d’une vie saccagée,
Où vous laisseriez vos bagages, au bord d’une route, éparpillés
Pour revenir, pour repartir, en traînant vos chaussures déchues…
Pour tenter tous les exploits qui vous mèneront au dépourvu…

Votre espoir, l’échappatoire, en votre mort, il se résume…

Le mélodrame vous a choisi pour un faux rôle, de figurant
Qui sans figure, dans tous les fichiers figurants, vous êtes absent !
La mélodie vous a choisi pour une fausse note, sans vos chansons
Votre guitare n’a su pouvoir, coordonner le son des cordons…
Car vous n’êtes que l’ombre d’un homme qu’on oublie après ou avant…

Votre espoir, l’échappatoire, en votre mort, il se résume…

Toute votre vie, son temps perdu, à essayer de vous retrouver,
A regarder autour de vous, à demander qui vous étiez…
A vous demander, si vous faites partie vraiment, des gens d’ici…
Sans parvenir à dessiner le moindre trait d’un portrait ;
Quand ceux, qui vous pointaient du doigt ; eux, le savaient…

Votre espoir, l’échappatoire, en votre mort, il se résume…

Quand enfin, vous pouvez sortir de la prison qui vous moisie
Quand, vous avez trouvé la clé pour vous ouvrir le paradis…
Car enfin, vous êtes arrivé dans votre havre de salut
Qui vous promet des jours meilleurs, que ceux passés dans cette vie…
Vous avez votre liberté, le prix de votre humilité, le prix de votre liberté…

Votre espoir, l’échappatoire en votre mort ; il se résume…

Comme ceux qui sont tous comme vous qui ont payé, lourd tribu,
L’expression de leurs visages peut vous raconter des récits,
Ceux qui voyaient l’irréversible qui leur arrache, leur simple dû ;
Ceux qui ne peuvent changer de peau, ne sont pas des serpents qui muent ;
Ceux dont le rêve exhausse la mort par laquelle vous serez émues. …

Votre espoir, l’échappatoire en votre mort ; il se résume…

Dans mon sommeil éternel, je revois l’image de ma chute, dans la « casoral », après une dispute avec un employé.
L’expertise médicale et l’autopsie ont conclu : AVC
Accident vasculaire cérébral, ironie du sort encore, une fois…rien de plus pire ne peut plus jamais m’arriver car de toutes les manières, j’étais déjà mort…moi, qui n’avais jamais vécu…moi, qui vivais avec les morts…moi, qui n’avais jamais vécu…


Nouveau e-mail :
Mansouryamina46@yahoo.com
Note médicale récente: La prise du « PROZAC » diminue le risque d’accidents vasculaires cérébraux…










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